Le rapport comprend un ensemble de bonnes pratiques et de recommandations à l'intention des différentes parties prenantes : agences de financement, auteurs, universités, éditeurs, fournisseurs de technologie, bibliothèques, citoyens. Il constitue les premiers pas vers une feuille de route européenne pour les monographies en accès ouvert.  

Towards a Roadmap for Open Access Monographs

Vers une feuille de route pour les monographies en accès ouvert

Un rapport de Knowledge Exchange [1]La version en français du rapport a été mise en ligne sur HAL le 7 janvier 2020. La version originale en anglais est accessible sur ce site.

 

Synthèse

Ce rapport présente les principales conclusions et recommandations issues de l’atelier de consensus entre acteurs organisé par Knowledge Exchange sur les monographies et l’accès ouvert (Stakeholder Workshop on Open Access and Monographs) qui s’est tenu à Bruxelles en novembre 2018.

Cette manifestation de deux jours s’est déroulée de la façon suivante : introduction présentant l’état des lieux des monographies en accès ouvert, suivie par des discussions entre bailleurs de fonds et éditeurs ainsi qu’une sélection d’ateliers visant à explorer, de façon approfondie, la manière dont nous pouvons soutenir les monographies en accès ouvert : de l’engagement des auteurs à la mise en place de suivis et de politiques, en passant par l’infrastructure technique. L’objectif de cet atelier était de souligner l’importance des monographies en tant que forme de diffusion dans le paysage de la publication en accès ouvert et d’encourager la collaboration et le partage des meilleures pratiques en la matière. Fondé sur les résultats de cet atelier, ce rapport comporte un ensemble de bonnes pratiques et de recommandations à l’intention des différents acteurs concernés afin de définir les prochaines étapes menant à une feuille de route européenne à l’égard des monographies en accès ouvert.

Les discours d’introduction ont mis en évidence le manque de cohérence qui subsiste au niveau européen dans le soutien apporté aux ouvrages en accès ouvert, que ce soit en termes de financement, de reconnaissance, d’infrastructure ou de sensibilisation. Dans ce contexte, Knowledge Exchange a joué un rôle essentiel, en particulier par le biais de son étude intitulée « Landscape Study on Open Access and Monographs » et de son enquête menée en 2018 auprès des parties prenantes qui ont permis d’identifier les étapes à suivre pour les monographies en accès ouvert. Simon Tanner (King’s College, Londres) a souhaité mettre l’accent sur le rôle fondamental des citoyens dans le débat « à qui s’adresse l’accès ouvert aux monographies ? », en abordant notamment la valeur et l’impact potentiel de l’accès ouvert pour les monographies.

Le panel des bailleurs de fonds composé de Steven Hill (Research England/UKRI) et Jean-Claude Kita (FNRS) a décrit la manière dont les politiques d’accès ouvert pour les monographies prennent forme au Royaume-Uni et en Belgique, soulignant combien il importe de trouver un équilibre entre les mesures d’encouragement et les mandats. Olaf Siegert (Leibniz Association) s’est penché sur l’élaboration des politiques allemandes pour les monographies en accès ouvert et a présenté un compte rendu de l’atelier national intitulé « The Future of the Research Monograph », organisé par l’Alliance des organismes scientifiques allemands (DFG). Lors d’une table ronde des éditeurs, Margo Bargheer (Göttingen University Press/AEUP), Sarah Kember (Goldsmiths Press), Myriam Poort (Springer Nature) et Leena Kaakinen (Helsinki University Press) ont débattu de la question suivante : l’accès ouvert peut-il enrayer le phénomène de « mort du livre » dans les SHS ? Les intervenantes ont axé leurs réflexions sur l’importance de la monographie en sciences humaines ainsi que sur la pérennité à la fois d’un tel format et d’un tel domaine dans un contexte d’accès ouvert.

L’atelier sur l’engagement des auteurs, animé par Sebastian Nordhoff (Language Science Press), a fait valoir certaines tactiques à mettre en place pour encourager les auteurs à se familiariser avec les monographies en accès ouvert. L’atelier sur les politiques, mené par Alain Beretz (Université de Strasbourg), s’est intéressé aux monographies en accès ouvert et à ce qui doit être fait pour mieux harmoniser les politiques des différents acteurs et faire en sorte que les politiques d’accès ouvert (financements, mandats, qualité et découvrabilité) soient pratiques, viables et adaptées aux besoins des chercheurs. L’atelier sur l’infrastructure technique, dirigé par Pierre Mounier (OpenEdition), avait pour but de définir les efforts spécifiques à mettre en œuvre pour améliorer l’intégration des monographies dans le système d’information scientifique en s’appuyant sur des infrastructures techniques adaptées. L’atelier sur le suivi, mené par Eelco Ferwerda (OAPEN), s’est penché sur la mise en place d’un baromètre permanent des ouvrages en accès ouvert permettant d’accompagner les progressions, d’identifier les bonnes pratiques, exemples et études de cas, et de fournir un outil aux organes de financement et aux décideurs politiques.

Chaque atelier a donné lieu à des recommandations et des plans d’action qui, ensemble, constituent les premiers jalons d’une feuille de route européenne pour les monographies en accès ouvert. À partir de ces résultats, des recommandations propres à chaque acteur ont été formulées :

Pour les bailleurs de fonds, ces recommandations soulignent l’importance des interventions politiques pour favoriser le changement, des politiques durables qui permettent des options de publication multiples, des financements d’infrastructures et de plates-formes, et d’une plus grande coordination d’action entre les bailleurs de fonds à l’échelle européenne.

Pour les auteurs et les universités, il s’agit de mettre l’accent sur la monographie en tant que forme de diffusion pour la recherche en sciences humaines, de reconnaître les craintes qui entourent l’accès ouvert et le rôle de l’engagement communautaire, et de trouver un équilibre entre les mesures d’encouragement et la prescription de mandats.

Pour les éditeurs, ces recommandations portent sur le besoin de transparence au niveau des coûts des monographies en accès ouvert et sur le caractère essentiel des modèles de financement alternatifs (exempts de frais de publication d’ouvrage).

Pour les plates-formes et les fournisseurs de technologie, elles mettent en relief le besoin de développer des exigences techniques communes pour les monographies, un dialogue Vers une feuille de route pour les monographies en accès ouvert entre les parties prenantes pour définir les normes techniques et leur mise en œuvre, et une gestion fiable des infrastructures techniques.

Pour les bibliothèques, il s’agit de jouer un rôle potentiellement plus actif dans (le financement de) la publication des monographies en accès ouvert et sa pérennité.

Pour les citoyens, ces recommandations mettent en évidence l’impact sociétal et la valeur des monographies en accès ouvert pour les milieux extérieurs au monde académique.

Quant au suivi, elles soulignent la manière dont un baromètre spécifique pourrait permettre d’accompagner l’accès ouvert pour les monographies, nous incite à commencer à recueillir des données immédiatement et insiste sur la dimension collective de l’effort qui devrait être déployé par toutes les parties prenantes.

 

La traduction française a été assurée par Alexandre Clément et Jean-François Nominé du Service de traduction de l’Inist-CNRS.

 

 

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References[+]