Nidae ar-Ryadh / Appel de Ryadh
L’idée de l’accès libre à l’information scientifique et technique (IST) a émergé, dans les pays du Golfe et du Maghreb, suite aux interactions intellectuelles qui ont eu lieu lors du 2ème congrès scientifique Golfe-Maghreb, tenu à Ryadh le 26 – 27 moharrem 1427 correspondant aux 25 – 26 février 2006 ; interactions ayant tenté de concilier entre la problématique de l’explosion de l’information et sa diffusion auprès de ceux qui en ont besoin, à travers l’usage des technologies de l’information et de la communication.
Assurer l’accès libre à l’IST, c’est perpétuer une tradition de la civilisation arabo-musulmane représentée par la volonté des scientifiques aussi bien dans les pays du Machrek que dans ceux du Maghreb de diffuser, sans rétribution, les fruits de leurs recherches, pour l’amour du savoir et de la connaissance.
C’est à cette fin que les participants au 2ème congrès scientifique Golfe-Maghreb, lancent un appel en vue de la création d’une « Bibliothèque virtuelle » en ligne afin de fournir aux chercheurs aussi bien dans le monde arabe que dans le reste du monde le contenu complet de la recherche et des textes scientifiques. La création d’une telle bibliothèque couvrant l’ensemble des domaines de la connaissance scientifique et technique et assurant un accès libre aux usagers, permettra sans nul doute :
- d’accélérer le rythme de la recherche scientifique et technique ;
- d’accroître la productivité scientifique et technique ;
- de soutenir la communication entre les chercheurs appartenant à des tendances diverses à travers la l’interaction des connaissances et des idées ;
- d’établir les bases pour la communication entre les peuples par le biais du partage des résultats de la recherche scientifique et à travers la connaissance.
La littérature à couvrir par le libre accès est celle offerte par les scientifiques sans en attendre une rétribution. Elle couvre :
- les œuvres ayant une importance particulière pour le passé, le présent et l’avenir du monde arabe ;
- les articles publiés dans les revues scientifiques disposant de comités d’évaluation et/ou de lecture ;
- les prépublications qui n’ont pas encore été soumises à une évaluation et que les auteurs souhaitent mettre en ligne pour en avoir les commentaires et les enrichissements des pairs ;
- les nouvelles découvertes scientifiques et techniques que les inventeurs veulent annoncer.
Pour ce, l’Appel de Ryadh interpelle toutes les institutions et les personnes concernées pour faire le nécessaire afin d’assurer le libre accès à toute la littérature scientifique et technique en levant toutes les barrières, y compris celles économiques, qui entravent le développement de la recherche scientifique et la multiplication des ponts assurant la communication entre chercheurs.
L’appel insiste sur le fait que le libre accès à la littérature scientifique et technique nécessite sa mise sur Internet afin de permettre à tous :
- la lecture, le téléchargement, la copie, la transmission, l’impression et la recherche ;
- le dépouillement des œuvres et des articles pour leur indexation ou pour leur usage à des fins juridique ou à des fins de programmation.
Tout ceci sans aucune barrière financière, juridique ou technique autre que celles relatives au droit moral de l’auteur et qui lui assurent le contrôle sur l’intégrité de ses travaux et le droit à être reconnu et cité.
Les émetteurs de l’appel en reconnaissant aux éditeurs, et plus particulièrement aux éditeurs de revues à comité scientifique, le droit à un revenu équitable, en contrepartie du rôle fondamental qu’ils assurent dans la communication scientifique, et aux auteurs le droit moral sur leurs oeuvres, insistent sur la nécessité de la mise des résultats des recherches et des publications scientifiques à la disposition des chercheurs (individus groupes et institutions), ce qui reste conditionné par la création de nouveaux modèles de recherche et de récupération et de nouveaux outils de financement.
Pour réaliser le libre accès à la littérature scientifique et technique, l’Appel de Ryadh recommande, à l’instar de ses pairs, deux stratégies complémentaires :
- l’auto-archivage : par le dépôt par les chercheurs de leurs travaux personnels dans des archives électroniques ouvertes à tous ;
- le lancement de revues alternatives à celles commerciales : par la création de nouveaux titres qui concurrencent, par leurs contenu et coût, ceux déjà existants, ou des titres pris en charge, pour leur publication, par les institutions d’appartenance des chercheurs ou enfin, par l’encouragement des revues existantes à s’orienter vers l’offre de leurs contenus librement.
L’Appel de Ryadh invite enfin les gouvernements, les universités, les centres de recherche, les bibliothèques, les revues, les éditeurs, les comités scientifiques, les associations professionnelles et les scientifiques, eux-mêmes, à œuvrer à lever toutes les barrières qui entravent l’accès libre à l’information scientifique et technique afin d’assurer aux pays arabes et au monde entier un avenir où la recherche scientifique serait plus libre et plus féconde.