Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace (MESRE) remet pour la quatrième édition les prix science ouverte du logiciel libre de recherche. La cérémonie de remise des prix s’est tenue le 1^er décembre 2025, à l’Université Paris-Saclay, lors des Assises nationales des données de la recherche (Andor 2025).

Le prix science ouverte du logiciel libre de recherche met en valeur les projets et les équipes de recherche qui œuvrent au développement et à la diffusion des logiciels libres et qui contribuent à la construction d’un bien commun de première importance. Ce prix reconnaît la production de logiciels libres comme une contribution et un résultat de recherche. Il met en lumière des réalisations d’exception ou très prometteuses, qui peuvent inspirer la communauté scientifique comme la société dans son ensemble. Tout comme le prix science ouverte des données de la recherche et le prix science ouverte de la thèse, le prix science ouverte du logiciel libre de recherche est inscrit dans le Deuxième Plan national pour la science ouverte.

Cette année, 8 lauréats ont été récompensés, dans 4 catégories différentes :

1. « Scientifique et technique »,
2. « Communauté »,
3. « Documentation »,
4. « Coup de cœur » du jury, pour des projets exemplaires rassemblant plusieurs de ces dimensions.

Le jury a récompensé des réalisations bénéficiant déjà d’une notoriété, ainsi que des projets prometteurs, et il a identifié un espoir dans chaque catégorie.

Catégorie « scientifique et technique »

GNU MPFR – Calcul scientifique en précision arbitraire

GNU MPFR est une bibliothèque libre (GPLv3) de calcul en virgule flottante avec précision arbitraire, reprenant les bonnes idées de la norme IEEE 754, comme l’arrondi correct. Elle permet ainsi de faire des calculs fiables et reproductibles, quels que soient l’ordinateur et le processeur utilisés, ou pour analyser des algorithmes numériques avec un contrôle sur la précision de chaque calcul intermédiaire.
GNU MPFR est devenue en 25 ans une bibliothèque incontournable dans le domaine du calcul scientifique en précision arbitraire. GNU MPFR est utilisé, en particulier, par les compilateurs Gfortran et GCC, les bibliothèques d’arithmétique d’intervalles MPFI et GNU Octave, la bibliothèque Arb de boules en précision arbitraire, l’outil Fluctuat du CEA, le calculateur GNOME, le langage Julia, plusieurs logiciels de calcul formel (Macaulay 2, Magma, Maple, Mathemagix, Sage). GNU MPFR est diffusé avec toutes les distributions Linux.

Espoir : QUantitative Modelling of Inflection (Qumin) – Étude de la flexion des langues

Qumin est un paquet Python libre (GPLv3) qui modélise de manière quantitative la morphologie flexionnelle des langues, c’est-à-dire la façon dont les mots se déclinent et se conjuguent. En fournissant à Qumin des tableaux listant toutes les formes des mots d’une langue, un chercheur peut rapidement en dresser le portrait. Outil de recherche en linguistique computationnelle, Qumin permet d’analyser les régularités et les variations dans les systèmes grammaticaux des langues du monde. Un effort sur l’interopérabilité (notamment avec le format de données Paralex) incite les chercheurs à rendre leur recherche reproductible, de la création des données à leur analyse. Grâce à l’adoption de formats de données standards (Paralex) et d’outils comme frictionless, de nombreux jeux de données sont partagés par les chercheurs et utilisables par Qumin. Initialement développé dans le cadre d’une thèse, le logiciel est aujourd’hui utilisé par des étudiants de master ou par des linguistes n’ayant pas de formation en informatique, en France mais aussi à l’étranger.

Catégorie « communauté »

Aladin Lite – Un atlas du ciel interactif

Aladin Lite est un atlas du ciel interactif libre (GPLv3). Accessible directement depuis un navigateur web, il permet de zoomer, explorer et visualiser des données astronomiques telles que celles issues des observatoires européens Gaia ou Euclid. Simple à intégrer dans d’autres sites ou projets, il offre à tous — astronomes, physiciens, passionnés comme curieux — une porte d’entrée vers les richesses du ciel. Interopérable, un très grand nombre de portails web l’utilise spontanément. Aladin Lite repose sur des standards de formats de données et de protocoles de communication permettant d’offrir à tous de grands volumes de données générés par les observatoires de la planète. Cette bibliothèque suit les principes FAIR4RS.

Espoir » : DifferentiationInterface.jl – Une interface unifiée pour les algorithmes de différenciation automatique

DifferentiationInterface.jl, bibliothèque libre en licence MIT dans le langage Julia, fournit une interface unifiée pour les algorithmes de différenciation automatique. La différenciation automatique consiste à calculer précisément comment une fonction varie, une opération clé dans la modélisation, la simulation et les outils de minimisation. Malgré son jeune âge (projet débuté en 2024), aujourd’hui près d’un millier de paquets Julia se servent de DifferentiationInterface.jl (en dépendance directe ou indirecte), une adoption impressionnante dans la communauté académique et industrielle qui utilise le langage Julia.

Catégorie « documentation »

Pharo – Un langage de programmation objet et un environnement

Pharo est un langage de programmation libre, en license MIT, héritier de Smalltalk, où tout est objet. Il offre un environnement interactif qui permet de coder, tester et modifier en direct, sans interruption. Simple et puissant, il est pensé à la fois pour l’apprentissage, la recherche et le développement. La documentation de Pharo est très complète et déploie un ensemble de ressources dans divers formats. Elle couvre l’ensemble des sujets couverts par Pharo en terme de d’installation, utilisation et contribution. Pharo propose aussi deux MOOCs complets sur l’environnement et sa programmation objet. Enfin, il y a également des livres qui contribuent au référentiel documentaire de Pharo.

Espoir : NeuRon Virtualizer – Modélisation du comportement électrique des nerfs périphériques

NeuRon Virtualizer est un outil libre, sous licence CeCILL-C, qui simule le comportement électrique des nerfs périphériques. Il permet de modéliser leur réponse à différents stimuli électriques et d’explorer ces phénomènes de manière interactive, aidant la recherche et le développement de thérapies innovantes. Il intègre des modèles biophysiques validés scientifiquement et s’appuie uniquement sur des bibliothèques libres (Gmsh, FEniCS, NEURON). La documentation de NeuRon Virtualizer est complète, structurée et pensée pour répondre aux besoins de plusieurs catégories d’utilisateurs, allant des débutants aux experts et futurs développeurs. La documentation inclut un large panel d’exemples d’utilisation couvrant différentes fonctionnalités du logiciel.

Catégorie « coup de cœur »

HyperSpy – Analyse interactive de données complexes en sciences physiques

HyperSpy est une bibliothèque libre pour Python, en licence GPLv3, qui aide les chercheurs en science des matériaux à analyser et visualiser des données complexes, telles que les ensembles de données multidimensionnels. Développée depuis plus de 18 ans, elle est aujourd’hui un outil de référence dans ce domaine. Elle facilite l’exploration, l’interprétation et le partage de ce type de données. L’impact d’HyperSpy s’étend au-delà du monde universitaire et à l’industrie. De plus, sa documentation est complète et respecte les standards d’accessibilité. Il y a également un support important offert à la communauté des utilisateurs : formations, hackatons, écoles, communications directe de l’équipe.

Espoir : Spatially distributed Modeling and ASsimilation for Hydrology (SMASH) – Simulation des phénomènes hydrologiques

SMASH est une bibliothèque libre (GPLv3) de simulation numérique des phénomènes hydrologiques. Sur le plan scientifique et technique, SMASH permet des approches hybrides conceptuelles-physiques-IA, et permet l’utilisation pour des applications complexes et multi-bassins. Sa documentation facilite son utilisation non seulement par des chercheurs, mais aussi par des ingénieurs en charge de sujets opérationnels, comme Vigicrues. SMASH fait ainsi preuve d’un fort impact national académique, sociétal et industriel, et il commence à rayonner à l’étranger.

Jury

Le jury était composé des membres ci-dessous :

• Pierre Boulet, Président du jury | Professeur des universités | Université de Lille et vice-président numérique de cette même université
• Brigitte Bigi, Chargée de recherche CNRS | Aix Marseille Université
• Francoise Conil, Ingénieur d’étude CNRS | Université Lyon 1
• Benoit Garçon, Fondateur et consultant chez « La Formule Nuagique »
• Bruno Khélifi, Chargée de recherche CNRS | Université Paris Diderot
• Lucas Nussbaum, Chargée de recherche | Inria
• Guillaume Plique, Ingénieur de recherche | Médialab, SciencePo, Paris
• Nicolas Roelandt, Ingénieur d’études | Université Gustave Eiffel
• Florence Sèdes, Professeur des universités | Université de Toulouse.

Pour en savoir plus:

• Lien vers la page du site web du MESRE présentant les lauréats du prix science ouverte des données de la recherche : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/remise-des-prix-science-ouverte-edition-2025-100469#logiciel
• Lien vers l’ensemble des prix et des lauréats : https://www.ouvrirlascience.fr/category/prix-science-ouverte/